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Nous pensons agir librement mais est-ce tout à fait juste ? Et si nos actions n’étaient que le résultat de différents processus bien définis ?
Si on se réfère à l’un des fondements du modèle de la Programmation Neuro-Linguistique, fondé par Bandler et Grinder, dans les années 1970, aux USA, nous sommes tributaires de nos perceptions et de nos représentations, issues de nos observations. En quelque sorte, nous suivons le triptyque « perception, représentation et émotion, action ».
Pour illustrer ces propos, il est plaisant de citer le film de Jean Pierre Améris, « les émotifs anonymes » avec Isabelle Carré et Benoît Poolevorde. C’est l’histoire de deux grands émotifs, Jean-René, patron d’une fabrique de chocolat, et Angélique, chocolatière de talent. Lorsque Jean-René rencontre Angélique pour la première fois, lors de l’entretien de recrutement, il ne lui posera qu’une question : « Vous aimez le chocolat ? » et l’interview s’arrêtera là.
Que s’est-il passé ? Et bien, lorsqu’il se retrouve face à Angélique, Jean-René se sent tout petit, ignorant et ses forces le lâchent. Il la regarde et il voit une jeune femme belle, souriante, au regard pétillant (Perception). Pour lui, cette jeune femme a forcément de la répartie. Il se dit alors qu’il va être jugé sur ses maladresses et qu’à la moindre erreur, Angélique le montrera du doigt et se moquera de lui. Il sera ridiculisé par une question à laquelle il ne saura pas répondre, (Représentations). Il a le trac, il a peur, il transpire, (Emotion). Il décide d’arrêter l’interview, (action).
Parcours d’émotions
Il y a d’autres façons de décrire les émotions et leurs impacts dans notre quotidien. C’est ce qu’a entrepris, la plasticienne Sylvie Hazebroucq, dans son exposition itinérante. « Toutes les émotions sont positives, nous dit-elle, car elles nous renseignent sur qui nous sommes, et sur notre rapport à autrui. » Pour Sylvie Hazebroucq, chaque émotion est un matériau qui va servir à notre propre créativité. De son côté, elle nous livre sa vision artistique de nos ressentis.
Pour illustrer la tristesse, elle propose d’écouter l’eau qui coule pour mieux laisser filer nos larmes et exprimer notre chagrin. Selon elle : « Une tristesse contenue est comme un robinet qui fuit avec régularité et qui remplit le vase ». Et nous savons tous que la goutte d’eau fait déborder le vase et provoque un gisement de colère.
Pour garder à la peur son caractère angoissant qui nous renvoie à notre fragilité, notre artiste a choisi les bruits de verre cassé. Cela fait référence à la prise de risque et à la montée de l’adrénaline qui l’accompagne. Voltaire disait : « le succès est le fils de l’audace ». Avec la peur, on associe à la fois, le plaisir de la vaincre et l’envie de se dépasser soi-même.
Dans son infirmerie à émotions, l’ennui reprend tous ses droits. Reconnu pour être source de créativité, « l’ennui permet l’imprévu et l’inconnu » continue notre guide. C’est le vent qui le symbolise, à la fois présent et invisible, qui glisse sur les choses et contre qui on ne peut rien faire, à part peut-être, attendre qu’il nous souffle des idées.
Un parcours qui s’achève sur « le tapis poilade ». Même les plus réfractaires finissent par rigoler. « L’enthousiasme est un sentiment de joie extrême et sans condition, proche de l’adoration » nous précise la plasticienne. Les américains savent générer de l’enthousiasme, le cultiver, l’encourager et le laisser vivre à travers le corps, comme l’expriment si bien leurs « pom pom girls ».
Faut-il se forcer à être enthousiaste ? C’est difficile de répondre à cette question mais ceci étant, gardons en tête que l’enthousiasme est communicatif.
S’il est certain que nos émotions conditionnent nos actions, je vous propose donc de finir la lecture de cette chronique avec le sourire, que vous transformerez en rire afin d’atteindre le point ultime de la joie : l’enthousiasme de tourner la page.
A vos émotions.
©Christine Huchette 2018