Publié dans Activmag
Qu’est ce qui change fondamentalement ?
C’est l’été, vous êtes en vacances, au bord de l’eau avec Francine, votre meilleure amie. Lunettes de soleil sur le nez, vous êtes plongée dans la lecture de votre magazine préféré, le soleil caresse votre peau, c’est le bonheur. Votre fille Elodie construit des châteaux de sable avec César, son nouveau copain, qui séjourne au club. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’ils fassent connaissance et deviennent inséparables.
Mais, que se passe-t-il ? Elodie est en larmes et accoure vers vous. « Je ne veux pas aller à la grande école, à la rentrée. César me dit que je serai toute seule, que mes amis seront éparpillés dans d’autres classes et que je ne les reverrai plus. Il dit que l’on se perd dans les couloirs et que certains professeurs sont très méchants ». Où est-il ce César que je lui dise ce que j’en pense moi, de la nouvelle école ? Il ne va quand même pas me gâcher la journée avec ses histoires de rentrée des classes.
Ah, voilà Francine qui arrive. Elle va me raconter la rentrée de Jules au collège, l’année dernière. Etait-ce aussi terrible ?
Et Francine de m’expliquer avec ce sérieux qui ne réfute aucune objection. « A son arrivée en 6ème, l’enfant se retrouve dans un nouvel environnement dans lequel il doit construire de nouveaux repères. Fini, la présence du professeur des écoles, image rassurante d’un ordre établi. Place à la multitude. Jules a eu une douzaine de professeurs, si tu comptes l’éducation physique et la musique. Imagine simplement que tu dépendes de 10 managers au sein de ton entreprise et que chacun te dise de t’organiser de manière différente ! A chacun sa méthode de travail, ses objectifs, son tempérament, son caractère. Telle que je te connais, tu ne supporterais pas. Et pourtant, nos petits collégiens se trouvent dans l’obligation de s’adapter à cette joyeuse cacophonie organisée. »
Complètement effarée par les propos de Francine, j’en ai oublié de vérifier ma position. Et zut, me voici brûlée sur les mollets ! Me jetant sur la crème solaire, j’entends mon amie poursuivre.
« Pour Elodie, c’est fini, la classe et la cour de récréation dont elle connaît tous les jeux, les préaux et les recoins. Place au dédale des couloirs et aux parcours en labyrinthe pour rejoindre sa salle de cours, la cantine, le laboratoire de physique ou le gymnase. Souviens toi lorsque tu as pris ton nouveau poste, au mois de janvier, tu n’en menais pas large ! Heureusement que tu avais un livret d’accueil et que tu as participé à un séminaire d’intégration dans ton entreprise ! »
« Tu as raison, tout changement d’environnement est à prendre au sérieux. » dis-je perplexe. Et j’ajoutais : « Mais alors, je dois prendre les choses en main, elle va être perdue mon Elodie, et si seule ! Heureusement, elle sait, presque instinctivement, aller à la rencontre des autres. A l’école, comme au club de vacances, au camping, au refuge de montagne ou à la plage, elle est chez elle partout ! »
Pas de recette miracle mais du bon sens !
« Je suis allée à une conférence », insiste Francine. « Il paraît que cette étape est fondamentale dans la vie de notre futur adolescent et il est important d’être là. L’accompagner certes, mais lui laisser aussi la possibilité de découvrir cette nouvelle vie à sa manière, à son rythme, selon son tempérament. »
Mais moi aussi, je me renseigne. Qu’est ce qu’elle croit Francine ? Je lis des articles fort intéressants. « Donner du sens au parcours scolaire de votre enfant, le motiver, lui donner envie de donner le meilleur, l’entourer sans l’envelopper, l’aider sans faire à sa place », voilà ce que je trouve sur cette page, d’ailleurs.
Et le poisson pilote ?
Francine se lève pour aller chercher des glaces.
Je sombre dans des réflexions profondes. « Elodie va franchir une nouvelle étape de sa vie, c’est dur pour moi, comme pour elle. Elle souhaite que je la soutienne à 100%, tout en n’étant pas surinvestie à son sujet. La vie au collège est une nouvelle étape, Elodie va devoir intégrer des règles nouvelles, adopter un nouveau comportement, devenir plus responsable. Elle a peut être peur et appréhende sûrement la rentrée autant que moi, mais quelque part, je suis sûre qu’elle est excitée de grandir. Partageons son plaisir.
Maman, tu viens, il y a de beaux poissons ici.
A mes masques et tubas, vive le snorkeling pour observer mon poisson dans son nouvel environnement !
La rentrée, ce n’est pas encore maintenant.
©Christine Huchette 2018