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La génération Y passée au rayon X

Qui sont ces jeunes de la génération, qu’il convient d’appeler la génération Y ? Ils ont vingt ans et des poussières, poussent les portes des universités et des grandes écoles ou intègrent les entreprises, et jusque là rien d’extraordinaire, me direz-vous ! Mais voici qu’ils réclament la parole, qu’ils cherchent du sens à leurs actions et qu’ils pensent que leur voix vaut tout autant que celle de leurs aînés. Mais qui sont-ils donc ?

Publié dans Activmag,

 

Généalogie de la génération Y

Les parents de la génération Y sont Les baby-boomers (1945-1964) qui ont connu le développement, la consommation de masse, l’émancipation de la femme et bien entendu « mai 68 ». Peut-être, ont-ils scandé dans les rues « il est interdit d’interdire », « les frontières, on ne connaît pas » ou encore « jouir sans entrave », ce qui influencera l’état d’esprit de leur progéniture. La Génération X (1965-1977) aussi appelée « Les enfants de la Télé », connaîtra les premières difficultés avec les crises économiques à gérer, l’apparition du Sida et la croissance exponentielle du nombre de divorces. Ils écoutent de la musique grunge et chantent « no future ».

De la verticalité à l’horizontalité

Michel Serres nous le décrit  très bien dans son livre « petite poucette ». La Génération Y (1978-1999) est intimement liée aux Nouvelles Technologies. Ce sont des «Digital Natives».

L’arrivée d’Internet a bouleversé l’ordre des choses. Avant la génération Y, nous connaissions la pyramide des âges dans les familles, nous respections toute forme de hiérarchie dans les entreprises et le pouvoir était bien distribué. De plus, nous n’avions pas tous le même accès à la connaissance et de fait, il existait sur une estrade, un sachant qui dispensait ses connaissances à un apprenant, qui l’écoutait avec plus ou moins d’avidité et de concentration. Le savoir se méritait et des efforts de mémorisation étaient nécessaires pour le capter.

La génération Y a opté pour une toute autre méthode de développement des connaissances. Nous sommes désormais dans l’horizontalité. Les informations sont à la disposition de tous et chacun peut donner son avis. Des « j’aime » apparaissent pour tout et sur tout. Un site tel que Wilkipédia ne pouvait voir le jour que grâce à Internet et à ce mode participatif d’échange d’informations. Il nous a fallu quelque temps pour lui accorder notre crédit et le considérer comme légitime tandis que les jeunes ont très vite pris du plaisir à l’alimenter. Blogs, forums et groupes de discussion occupent un pourcentage important dans leur temps consacré à l’apprentissage. Les cours magistraux disparaissent peu à peu du programme des études supérieures pour laisser place au travail en groupe, basé sur des programmes autonomes de recherche d’informations. Pascal Picq, paléoanthropologue, souligne dans ses propos, l’importance d’intégrer, dans les nouveaux modes de management des entreprises, la notion d’apprentissage par l’essai et l’erreur. Donner envie au jeune collaborateur en le laissant expérimenter de nouveaux concepts, de nouveaux outils, de nouvelles idées et accepter qu’il fasse des erreurs.

En équilibre sur un fil

 Les jeunes Y souhaitent gagner de l’argent plus par plaisir ou prestige que par rentabilité. Ils existent par la réussite, dans le travail par exemple, selon le sens qu’ils peuvent donner à leurs actions.

Les jeunes Y ne sont pas dans un besoin insatiable de posséder. Ils ont une nette préférence pour le virtuel et favorisent les MP3 et les podcasts, aux disques vinyle et aux livres. Ils ne se chargent pas car ils aiment bouger, déménager, voyager. Ils ne veulent pas s’ancrer.

Ils ont intégré le loisir comme outil de développement personnel et leur vie est faite d’équilibres : vie privée/vie professionnelle, rester/partir, construire/découvrir. La plus grande difficulté pour eux est de définir ce qu’ils veulent vraiment. A l’heure de tous les possibles, ils sont en questionnement sur leurs choix et régulièrement à la limite de la frustration.

Leur rapport au monde a changé, ils le perçoivent comme infini. Or, lorsqu’ils arrivent en entreprise, ils font face à des systèmes rigides qu’ils n’imaginaient pas : une entreprise est un système fermé, avec des objectifs déterminés et une hiérarchie très présente. Pour la première fois, ils se heurtent à une autorité, un cadrage des tâches et à une limitation de leur liberté. Et à cela, ils n’étaient pas préparés.

 

©Christine Huchette 2018

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