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Vous n’êtes plus jamais seule !
Prenons un exemple. Vous êtes confortablement installée dans votre canapé et vous vous dites que vous allez profiter pleinement de ces quelques instants à vous, rien qu’à vous. Oui, mais voilà, vous n’êtes pas aussi seule que vous le pensez. Pourquoi ? Parce que tous vos amis sont là, autour de vous, virtuellement, potentiellement. Et vient alors l’envie de poster votre humeur ou un bon mot sur Facebook. En effet, pourquoi se priver de dire à nos centaines d’amis sur les réseaux sociaux que nous sommes là, seule, sur notre canapé et que nous y sommes bien. C’est si bon de partager … Et le sms qui tombe. C’est votre adolescent qui vous prévient qu’il rentrera plus tard. Quel bonheur de pouvoir profiter un peu plus longtemps de ce moment de détente, pensez-vous. Et pourtant, difficile de se résigner à décrocher quand toutes les boutiques sont là, autour de vous, virtuellement, potentiellement. Vous vous rappelez alors que vous n’avez toujours pas trouvé la petite robe dont vous avez besoin pour la soirée d’anniversaire de Pauline. Pourquoi ne pas faire un peu de shopping en ligne ? Et au final, pourquoi contrarier votre envie de regarder la dernière série TV dont tout le monde parle devant la machine à café !
Nous sommes si souvent sollicitées qu’il est désormais difficile de succomber à l’ennui. D’autant que notre cerveau déteste être à ne rien faire. Cet espace de liberté lui fait peur. Laisser libre cours à nos pensées, laisser les idées aller et venir, se confronter et s’exposer en toute liberté en nous-mêmes, c’est dangereux. On ne sait jamais où cela peut nous amener, peut-être à créer, à innover, à changer…
Nous sommes en permanence en situation de devoir choisir !
Tous ces choix qui nous sont désormais proposés ont rempli nos esprits d’envies et de besoins. Or, nous ne sommes pas tout à fait préparées pour répondre à ces multiples sollicitations. Notre cerveau a comme principe de s’intéresser à toutes les informations qu’il reçoit et il est programmé pour tout prendre en considération. Ce qui n’est guère envisageable. Nous rentrons alors en conflit avec nous-mêmes, avec le sentiment de frustration lié à cet état de fait. Nous avons de plus en plus souvent la perception de ne jamais faire ce qu’il aurait fallu faire, le sentiment de n’avoir pas bien choisi et de passer à côté de quelque chose d’important.
Sommes-nous capables de rester le maître à bord ?
Jean-Philippe Lachaux, dans son livre « le cerveau attentif », propose la métaphore du voilier pour bien comprendre le type de difficultés auquel notre cerveau est confronté. Jusqu’à présent, il pouvait être comparé à un voilier naviguant en eau calme, sur un lac, très peu soumis aux effets du vent. Avec l’avènement des nouvelles technologies et le bombardement d’informations auquel il est soumis, notre cerveau est désormais un voilier soumis aux Quarantièmes rugissants.
En fait, nous sommes en pleine période de domptage de notre environnement numérique. A ce stade, nous lui donnons tant de pouvoir que nous le laissons nous déranger à tout moment par toute sorte de signal indiquant vous avez un message ? Notre plus gros risque est celui d’être capté par le monde digital en lui laissant la possibilité de nous accaparer, de nous enlever notre libre arbitre. A quand la reprise en main de notre pleine présence à chaque instant que nous sommes entrain de vivre ?
©Christine Huchette 2018