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« Légère comme un papillon »

Chaque année à pareille période, apporte son lot de bonnes résolutions, comme perdre un peu de poids… Et, il existe toujours quelqu’un pour s’exclamer : « tu ne vas pas devenir anorexique, j’espère ! ». Mais non. Mais quel est donc ce trouble du comportement alimentaire ? Dans son livre « Légère comme un papillon », Michela Marzano nous livre un récit philosophique sur l’anorexie et nous aide à comprendre ce qu’il en est.

Publié dans Activmag, 

 

Il est intéressant de repartir de l’état de stress, souvent à l’origine de ces comportements. Le stress, c’est tout ce qui se passe en nous lorsque nous devons faire face aux exigences rencontrées sur notre chemin.

Stressé, moi jamais ! 

C’est un phénomène normal et inévitable. Quand il est favorable, il nous stimule. Dans ces circonstances, des soucis censés nous accabler, nous apparaissent alors comme des défis à relever. Cependant, un stress intense ou répété altère nos capacités d’adaptation car notre organisme n’arrive plus à réagir de manière juste. Les réactions de stress passent par trois étapes : l’alarme, la résistance et l’épuisement. Au bureau, l’alarme peut être l’annonce d’un grand surcroît de travail, la résistance se traduit alors par des efforts importants pendant plusieurs jours pour le faire vite et bien, mais si cette situation perdure, on fait ensuite face à la situation d’épuisement et de démoralisation.

Nous sommes en situation de stress durant le temps que nous sommes confrontés à une difficulté et que nous ne voyons pas encore de solution pour la résoudre. Par exemple, le stress de la page blanche pour l’écrivain s’arrête quand l’idée jaillit, non pas du ciel, mais du fruit de ses recherches, de ses réflexions, de son imagination.

Un individu stressé adopte des attitudes agressives et hostiles en cas de contrariété ou de frustration et peut aller jusqu’à une consommation excessive de tabac, d’alcool, de sucreries, de TV ou d’Internet pour se calmer. Une personne stressée réagit dans trois dimensions distinctes : l’émotion, le comportement et la pensée. Mais, ces trois dimensions naviguent à vue dans l’épais brouillard de la peur, celle de ne pas y arriver, d’être ridicule, de se tromper ou d’être pris en faute. Seule, la bienveillance d’un ami, d’un proche ou de soi-même à l’égard de soi, rendra visible l’horizon et l’accès au bien-être.

Des situations exigeantes

Percevoir de fortes réactions de stress ou des émotions violentes dans des situations, telles qu’un retard à une réunion suivi d’une remarque désagréable d’un supérieur, provient sans doute, de croyances excessivement rigides et exigeantes de ce que devraient être le monde, les gens, la vie… et soi-même !

Et c’est par réaction à ces exigences et à cette grande solitude face à elles, que certaines personnes ne trouveront comme cri d’alarme, que le recours à l’anorexie.

C’est un symptôme très particulier car il est relié à une forme d’idéal du moi. L’anorexie trouve son origine bien souvent dans la volonté de l’adolescent de se conformer aux attentes des autres au point d’oublier qui il est. Et il se retrouve à l’intérieur d’une véritable prison. Il cherche alors à exprimer par son corps ce qu’il n’arrive pas à dire avec les mots. Redécouvrir son propre désir indépendamment du regard des autres lui permettra de combattre son comportement d’auto destruction. « Pouvoir dire son ‘ je ‘ » nous explique Michela Marzano. « On n’est pas malade, on n’a juste pas encore trouvé la façon de dire aux autres qui l’on est. Symptôme silencieux et parlant, l’anorexie est un véritable cri de douleur, un claque qui est donnée aux autres. Cri de vie aussi, car c’est la recherche de la façon d’exprimer une envie de vivre étouffée à force de suivre un devoir ».

 Des projections parfois sclérosantes

Michela Marzano nous interpelle sur notre condition de parents. Comment trouver l’équilibre entre des valeurs à transmettre et des désirs à combler ? Comment laisser nos enfants se découvrir à eux-mêmes, peu à peu, sans leur imposer notre vision d’une vie réussie ? Comment aimer, éduquer et laisser libre ?

 

©Christine Huchette 2018

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